CNU

La possibilité d’expérimentation pour le recrutement des enseignants-chercheurs est une opportunité à saisir

Il est dans l’intérêt même des universités de recruter les meilleurs candidats aux postes d’enseignants-chercheurs pour garantir la bonne réalisation des missions de service public qui leur sont dévolues, en premier lieu desquelles la transmission des savoirs acquis par une recherche indépendante, audacieuse et au meilleur niveau. Donner la possibilité aux universités qui y sont prêtes de procéder directement au recrutement d’enseignants-chercheurs, sans passer par une instance nationale, est l’occasion de reconnaître la qualité des procédures de recrutement des universités exigeantes et transparentes, et contribuera à renforcer l’image du doctorat comme diplôme d’excellence.


La possibilité, pour les universités qui en décideront avec l’accord de leur conseil d’administration, de recruter sur leurs emplois d’enseignants-chercheurs des candidats sans passer par la qualification via le conseil national des universités (CNU) est une reconnaissance bienvenue de la
capacité de l’université française à conduire une politique de recrutement exigeante et transparente. La qualification délivrée par le CNU est en effet aujourd’hui la règle générale qui conduit à écarter administrativement une candidate ou un candidat de l’examen de son dossier par un comité de sélection. Ce comité de sélection, composé d’experts issus au moins pour moitié d’établissements extérieurs (souvent désignés parmi les membres de l’instance nationale du CNU ou à l’international) est pourtant en parfaite capacité d’évaluer tous les dossiers, leur qualité et leur adéquation au profil de poste pour retenir les candidates ou candidats. Force est de constater que les chercheurs recrutés par les organismes de recherche – à qui, faut-il le rappeler, la qualification n’est pas demandée – ou dans les universités des autres pays d’Europe ne sont pas de moindre qualité que ceux recrutés dans les universités françaises.


L’obligation de la qualification pour postuler à un emploi de maître de conférence ou de professeur, envoie un message de défiance vis-à-vis du diplôme national de doctorat et celui de l’habilitation à diriger les recherche dont nous promouvons la valeur et la pertinence pour l’emploi scientifique comme pour le recrutement par les entreprises ou la haute fonction publique. Pour quelle raison ce qui s’applique aux autres secteurs professionnels ne conviendrait-il pas au milieu universitaire ?
L’Université ne doit pas se conformer à cette image de tour d’ivoire aux règles singulières que lui prêtent ses détracteurs. Soyons exigeants dans la délivrance du doctorat – comme de l’habilitation à diriger les recherches, prérequis au recrutement de professeur – et adoptons des politiques
exigeantes et transparentes de recrutement, de la constitution des comités de sélection aux critères de sélection et d’audition des candidates et candidats.


Dans un panorama de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation français aujourd’hui diversifié, l’expérimentation, dans un cadre fixé, donne la possibilité pour les universités et les communautés de s’y engager si elles le souhaitent, s’estiment prêtes, et d’en partager les
enseignements à l’issue d’une démarche d’évaluation rigoureuse et argumentée.


Cela ne remet aucunement en cause l’instance nationale dont l’activité ne se limite d’ailleurs pas, et de loin, à la seule qualification préalable des candidats aux emplois d’enseignants-chercheurs. En revanche cela allège le dispositif, et met les universités, tout comme l’Etat, face à leur responsabilité pour mettre en oeuvre une politique de recrutement exigeante.
Ce principe d’expérimentation participe à l’enjeu général de plus grande autonomie des établissements au moment où la France est en retard par rapport aux autres pays européens.

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